Faber, Madeleine et Basile
appartiennent à la génération des années 1980, une génération désenchantée, qui
garde en tête la révolution de ses parents. Le désir de liberté propre à
l’adolescence se mêle à la lutte syndicale, et les manifestations de 1995
revêtent un parfum de 1968. Mais au fur et à mesure que l’âge avance, les rêves
se transforment, s’envolent parfois, et la nécessité du quotidien prend le
dessus.
Faber est de ceux qui rêvent, de
ceux qui luttent. Toujours plus. Dans le glissement de la radicalité, il
embarque ses deux amis, Madeleine et Basile. Faber le meneur, Faber l'idole,
Faber le séducteur, Faber le destructeur, Faber, qui va remplir la vie de
Madeleine et Basile jusqu'à leur en déposséder.
D’un charisme incroyable, il fait
naître chez ses amis des espoirs et des rêves qu’ils ne s’étaient pas permis
jusqu’ici. Alors lorsque Faber leur échappe, le vide qu’il laisse est trop
grand dans leur vie.
Nous aussi, lecteurs, sommes subjugués par la force d’attraction
de cet être quasi-surnaturel. On a envie de savoir, de comprendre, de lui
demander des comptes à notre tour. C’est tout le génie du personnage… et de son
auteur.
Il y a deux romans en un dans ce
dernier opus de Tristan Garcia : le récit d’une génération en quête de
modèle, et le portrait d’un jeune homme épris d’idéal. Les deux se confondent
pour donner lieu à un excellent texte de cette rentrée littéraire 2013.
Fondez
pour Faber.
Faber, Tristan Garcia, Gallimard, 2013.